26- Un nouveau jour
Le jour est déjà levé, j’entends les oiseaux chanter. Ça fait du bien d’être au calme ! Tiens, on a changé le papier-peint de ma chambre ? Quand donc ? En plus, du bleu ! Mais ? Je ne suis pas à la maison ?
Je me lève d’un bond, ouvre les persiennes et me rappelle aussitôt : je suis chez les parents. Je ne sais pas ce que j’y fais, mais j’y suis ! Dans le jardin, des rires d’enfants se font entendre. Je suis un peu largué là !
Je baille et m’étire jusqu’au bout des doigts devant ma fenêtre ouverte, comme quand j’étais ado et que ma mère me houspillait et m’assurait que j’allais tomber malade avec tout ce froid sur ma poitrine.
Je referme la fenêtre. J’ai bien dormi, mais je me sens las, comme si je portais un fardeau si lourd qu’il m’empêche d’avancer. Ah oui, Papa…
Je m’habille, enfin, il serait plus juste de dire que j’enfile les trois trucs qui me viennent sous la main. Je descend dans la cuisine avaler un café. Rosinette est là, son Gaby aussi. Les rires des enfants sont donc ceux de mes neveu et nièce. La cuisine est pleine d’odeurs que je trouverai alléchantes en temps normal, mais qui ne me font ni chaud ni froid à ce moment précis. En fait, j’ai juste envie de boire quelque chose de chaud, et basta !
J’attrape un mug, le remplis sans faire de faux col et y met un morceau de sucre. Je déteste le café non sucré, bien trop amer à mon goût. J’avale une gorgée, il est un peu chaud, il est un peu trop clair, il est.. En fait, cela n’a aucune importance ce qu’il est ou pas.
Mon café terminé, Rosie me demande comment je vais. Je n’ai pas envie de lui répondre, alors je me contente de la regarder.
Je sors de la cuisine, attrape une veste et m’en vais dehors. J’ai besoin de marcher, de prendre l’air. J’ai l’impression d’être enfermé depuis des éternités. Je veux retrouver un peu de liberté. Je veux qu’on me laisse tranquille.
Gabriel me rejoint pour me demander si je veux bien l’accompagner chercher du pain, il ne se souvient soi-disant pas de la route.
« Ne me raconte pas n’importe quoi ! Dis-moi plutôt : je suis en liberté surveillée, c’est ça ? Pas le droit de sortir seul ? »
Gabriel me regarde gravement et opine de la tête.
« Ce serait préférable, tu ne crois pas ? Tu as un peu la tête à l’envers !
– La tête à l’envers ? Je ne comprends pas de quoi tu parles là !! En plus, ça m’agace !
– Tu m’accompagnes ? Il ne faudrait pas trop tarder, sinon on aura du pain trop cuit, tu connais la boulangère !
– LA boulangère ? Tu dérailles mon vieux, ça a toujours été un boulanger ! Il ne doit pas être bien loin de la retraite d’ailleurs !
– Oui, LA boulangère… Ton boulanger est parti à la retraite il y a déjà trois ans. Tu vois maintenant de quoi je parle quand je dis « Tête à l’envers ? »
– A la retraite, répétè-je pensivement. Bon, allons-y ! Tu n’as pas déjà sorti la voiture ? »
J’ai l’impression de prendre des coups à chaque parole que je prononce. J’en ai bien marre. J’avance jusqu’au portail, Gabriel me rattrape avec sa voiture. Il m’ouvre sa portière, je grimpe à l’intérieur.
Le trajet jusqu’à la boulangerie se fait dans le silence. Je ne suis pas d’une compagnie très agréable, je le sais bien, mais je n’ai aucune envie de me montrer charmant et avenant.
Je reste dans la voiture pendant qu’il va chercher le pain, et en profite pour mettre la radio. Et voilà, même à la radio, je n’entends que des chansons inconnues. Quelle claque ! Je crois bien que j’espérais retrouver enfin quelque chose de cohérent, de connu, un repère rassurant. Il n’y a rien qui n’ait changé. Tout semble identique mais tout n’est qu’illusion car tout est différent.
Ça me fatigue, ça m’use. Je ne me retrouve pas dans cette vie-là. J’ai 28 ans et toute la vie devant moi. J’ai 28 ans ! Je ne veux pas croire autre chose. Je sais quand même qui je suis ! Pourquoi ai-je l’impression d’avoir perdu un chapitre entier de ma vie ?
Je sors de la voiture. De nouveau, envie de fumer. Je fais quelques pas, histoire de me calmer un peu. J’ai même envie de rentrer à pied. Après tout, quatre kilomètres, ce n’est rien ! Qu’est ce qu’ils ont à faire toute une histoire autour de moi ?
Et voilà que j’ai mal à la tête. Encore. Il m’a pris par surprise. Lancinant.
« Nathan ? Que se passe-t-il ? Tu es tout blanc ! me dit Gabriel.
– Rien, ça va très bien ! Tu ne peux pas me lâcher un peu, là ?
– Ok, mec, je n’ai rien dit ! Au fait, tu as le bonjour de Lucie !
– De qui ?
– Lucie, la boulangère ! Elle s’étonne que tu ne sois pas venu lui dire bonjour. Alors je lui ai dit que..
– Tu lui as dit quoi ? Que j’ai la tête à l’envers, c’est bien ça ? Vas-y, raconte ma vie à tout le monde ! Ici, c’est un tout petit village, rien ne se sait, hein ? Aucun ragot… Le plus beau des mondes !
– Eh bien dis donc, tu es plutôt énervé, ce matin ! Et ça ne te ressemble pas vraiment ! On dirait que tu cherches la dispute ?
– Je voudrais bien t’y voir, grommelé-je.
– Allez, viens là, beau-frère, rentrons à présent. C’est bien mieux pour tout le monde, surtout que je ne voudrais pas dire, mais on te regarde là ! »
Je remonte dans la voiture, mais n’ouvre plus la bouche. Je ferme les yeux. Oui, j’en ai bien marre. Je voudrais reprendre ma vie normalement. Je voudrais ne pas être là où je suis, à cette place qui n’est pas la mienne. Juste être moi dans la vie qui est la mienne. A ma place, quoi !
Mai 09, 2011 @ 10:41:58
Changement d’atmosphère et réaction de rejet de cette protection familiale . Bien vu , les traumatismes avec perte de mémoire engendrent souvent ces sautes d’humeur , le manque de repère est tellement déstabilisant qu’il provoque toute sorte de réactions parfois violentes.
Très difficile pour la famille de s’habituer à ces emportements .
Bonne journée
Bisous
J’aimeJ’aime
Mai 09, 2011 @ 11:28:09
Dis lui de ne pas s’énerver contre les autres, ils essaient de l’aider.
j’aime bien ton texte, j’attends la suite.
bises
J’aimeJ’aime
Mai 09, 2011 @ 17:14:47
Pauvre Nathan ! … va-t-il s’en sortir un jour … mystère fort intéressant Marie-Sourire !
Bonne continuation de ce lundi et agréable semaine pour toi en toute amitié,
C☼lette ☺
J’aimeJ’aime
Mai 10, 2011 @ 15:55:26
nathan souffre, fais quelque chose marie !…vite ! sinon je crève l’écran et je viens à son secours
sourires….
bisous !
J’aimeJ’aime
Mai 19, 2011 @ 00:12:17
Bonsoir Marie!
Eh oui, les corneilles vont cacher ce qu’elles trouvent où elles le peuvent, et pourquoipas le confessionnal, elle sera plus près pour avouer ses péchers.
j’aime beaucoup ton histoire. Très prenante!
Bises a plus!
A quand le prochain textophoto?
J’aimeJ’aime
Mai 19, 2011 @ 00:13:54
euh… quand j’aurai un peu de temps devant moi !!
ch’uis un peu surbookée en ce moment !!
et je ne sais pas si je ne vais pas faire un atelier surprise, ça me trotte dans la tête…
on verra bien !!
mais guette !! ça ne saurait trop tarder quand même !!
belle fin de soirée à toi !
bisous
J’aimeJ’aime