Coup de Théâtre au Tribunal !


Dépêche du 18 décembre 2010 6h07 am :

Pierre Simon, 44 ans, l’amant meurtrier présumé de sa maîtresse de 27 ans, Annaline Dupuis, comparait depuis hier à la Cour d’Assises de Paris. Rappelons les faits : le jeudi 14 février 2008, l’inculpé a été aperçu quelques heures avant le crime en compagnie de la victime. La jeune femme a ensuite été probablement violée puis laissée pour morte dans le bois de Boulogne où elle a été découverte par un couple de joggers.

Le présumé coupable a été entendu une première fois par les inspecteurs de la police judiciaire où il a catégoriquement nié les faits. Il clame encore aujourd’hui son innocence, malgré son absence d’alibi. Mais sa tentative de suicide le lendemain de sa comparution au commissariat plaide en sa défaveur. Sa femme Sabine Simon, avait tenté de lui donner un alibi, mais elle le retira aussitôt qu’elle prit connaissance que la jeune victime était en réalité sa maîtresse. Un premier témoin a été entendu lors de l’audience publique, hier en fin d’après-midi. Il confirme la présence de l’inculpé aux bras de la victime, et précise qu’une dispute a alors éclaté sur le seuil du grand hôtel parisien, le Ritz, dispute confirmée également par le portier qui a été auditionné par la suite. Enfin, ce témoin capital précise que Mr Simon a poursuivi la victime en voiture dans les rues parisiennes. L’audience s’est arrêtée là et reprendra aujourd’hui à 9h00.

Dépêche du 18 décembre 2010 15h23 :

Le procès de l’amant meurtrier continue. Les témoins défilent sous les yeux abattus du présumé coupable qui continue de nier sa culpabilité. C’est alors que la défense a fait citer comme témoin assisté un personnage du nom de Francis Turlino, bien connu des services de la police comme étant délinquant sexuel. Cet homme aurait rencontré la jeune victime le jeudi 14 février 2008 aux alentours de 20h00. Il l’aurait emmené boire un verre, ce que la jeune femme, Annaline, aurait accepté. Lors de sa déposition, le témoin assisté se moquait ouvertement de l’amant qui d’abattu devenait vindicatif, au point qu’un rappel à l’ordre par le Président fut nécessaire. La salle étant à nouveau calme, le procès put reprendre et l’audition de Mr Turlino continuât. Il précisa qu’il trouva la jeune femme à son goût et précisa que l’amant ne pouvait être le coupable puisque lui-même connaissait le meurtrier. Ce n’est qu’à la fin d’un interrogatoire par le procureur tout comme l’avocat de la défense qu’il avoua le crime d’Annaline et le prouva par des éléments connus seulement par le meurtrier. Les jurés donnèrent bien évidemment un non-lieu à Monsieur Pierre Simon qui ce soir, ne devrait plus dormir en prison. Le dénouement spectaculaire de cette histoire tient d’un scénario de cinéma. Monsieur Simon est donc libre et pourra comparaître lors de son jugement de divorce, prévu dans trois mois. Quant à Monsieur Francis Turlino, il comparaîtra devant la cour d’assises dès que l’instruction de l’enquête sera terminée.

« Tu lis encore ces dépêches ? Mon amour, arrête de penser au passé. C’est vers l’avenir qu’il faut se tourner à présent !

– Ma Douce, tu as raison… Tu sais, je suis heureux que tu m’aies débloqué la mémoire ! C’est vrai, je vais les brûler ces articles. Tout est dans ma mémoire, tout est revenu quelques jours à peine avant l’audience. Si tu n’avais cessé de me faire cogner la tête, qui sait ce qui ce serait passé ? Peut être que je penserai encore à Sabine, elle qui s’est détournée de moi à la minute même où elle a su que j’étais celui qui était à l’origine de l’arrestation de son mari, ne me donnant que mépris et désolation… Avec toi, la vie est belle ! Tu es mon rayon de soleil, ma douce, et notre fils tiendra sûrement de toi ! »

C’est ainsi que se finit l’histoire de Nathan… qui n’est que pure fiction, je précise ! Je vous le devais bien !! Une année pour avoir finalement le dénouement, vous avez été patient !!

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Nathan : La vérité éclate toujours !


 

Dieu ce qu’elle est belle ainsi, à contre-jour, la main posée sur son petit ventre tout rond… Jamais je n’aurai pu imaginer que ma vie changerait à ce point… Rien qu’à l’idée de tout ce que j’aurai pu ne jamais connaître, tout ce que j’ai failli gâcher !

Elle se retourne vers moi et me sourit avec tendresse, puis passe près de moi, m’effleurant avec légèreté. Je la regarde marcher, une main derrière son dos. Bientôt, ce petit bout de chou sera là, espérance d’une vie nouvelle à trois.

Capucine me demande ce à quoi je pense, je souris en lui répondant à elle bien entendu. C’est comme un code entre nous, surtout depuis cette histoire d’amnésie, le tribunal. Tout ça est derrière nous à présent.

Je me souviens encore de sa présence le jour où je devais témoigner de ce que j’avais vu, présence rassurante et encourageante. Ça n’a pas été facile. Le regarder dans les yeux, voir son regard chargé de tristesse et de compréhension, et toujours ce regard porté vers Sabine…

Je me souviens de cette mise à l’écart le jour de mon témoignage, le nombre incalculable de pas que j’ai pu faire dans cette petite salle qu’ils nommaient chambre près de la salle d’audience. Je n’arrivais pas à rester assis, j’étais vraiment nerveux. Pour la première fois de ma vie, j’allais entrer dans un tribunal pour dire ce que j’avais vu et entendu. D’autres témoins étaient là, tous autant stressés que moi, certains plus calmes que d’autres. Je me souviens de ce silence qui nous habitaient tous, même si nous n’étions pas convoqués, semble-t-il, pour la même affaire. La porte s’ouvrit : « ça va être à vous, Monsieur Dupin ! ».

Je me suis levé, avec beaucoup de solennité, et ai attendu que la deuxième porte, celle du tribunal s’ouvre. Le président m’a appelé à la barre et m’a demandé de prêter serment, c’est-à-dire « de parler sans crainte et sans haine, et de dire toute la vérité, rien que la vérité », ce que j’ai fait en levant la main droite. En face de moi, se trouvaient le président et les jurés. A ma gauche, le procureur, et à ma droite, l’avocat de la défense. L’audience était publique et je sentais sur ma nuque les regards de toutes les personnes assises qui assistaient au procès de mon ancien patron, Pierre SIMON, le mari de Sabine.

« Monsieur Nathan DUPIN, pouvez-vous me dire ce dont vous avez été témoin dans cette affaire ?

– C’était le soir du 14 février 2008, un jeudi. Il devait être environ 18h30. C’était à Paris Je venais de terminer mon travail, celui que Pierre, je veux dire Monsieur Simon, m’avait demandé de faire. Je me rendais à mon appartement, mais avant de prendre le métro, j’ai voulu me détendre un peu et j’ai flâné. Je suis alors arrivé au niveau de la place Vendôme. Comme je suis célibataire, personne ne m’attendait à la maison, je pouvais prendre le temps de me promener avant de rentrer. Comme cela m’arrivait parfois, j’ai regardé en direction de l’hôtel « Le Ritz ». La porte d’entrée de cet hôtel s’est ouverte sur une jolie femme portant une mini-jupe et des talons hauts. Elle riait aux propos de l’homme qui le suivait. Cet homme, c’est Pierre, mon patron, mais la jeune femme à son bras n’était pas sa femme… Je ne l’avais jamais vue auparavant ! Sur le trottoir, ils se sont embrassés langoureusement. Puis, Pierre a manifestement proposé à la victime, cette jeune femme, de repartir avec lui puisqu’il lui montrait sa voiture garée tout près. Elle a refusé avec le sourire, puis plus fermement. C’est alors qu’ils se sont disputés. Il faisait de grands gestes, elle disait non avec tout son corps, le tapant même sur le bras avec son sac à main. Puis elle est partie à toute allure dans une rue voisine. Pierre, voyant qu’elle lui échappait, est monté dans sa voiture, a démarré en faisant rugir sa voiture, et a pris la même route qu’elle. Voilà tout ce que j’ai vu, Monsieur le Président.

– Monsieur Dupin, pouvez-vous me dire si l’homme que vous avez vu est présent dans cette salle ?

– Oui, Monsieur le Président, il est là, répondis-je en le montrant du doigt. A ce moment-là, Pierre a baissé la tête. J’ai eu le temps de voir que ses mains tremblaient.

– Pouvez-vous également dire à la cour si la jeune femme que vous avez aperçue avec Monsieur Simon, est bien Annaline Dupuis que vous pouvez voir sur cette photo ?

– Oui, Monsieur le Président, c’est bien elle.

– Bien, la parole est au procureur. »

A partir de ce moment-là, j’ai été soumis aux flots de questions tant du procureur que de l’avocat de la défense. J’ai répondu toujours avec sincérité, mais j’éprouvais un vrai moment de honte quand il a fallu que je certifie avoir prévenu la police lorsqu’Annaline avait été découverte morte dans les bois de Boulogne, apparemment violée, lors de l’appel à témoins.

Même encore maintenant, ce sentiment n’a pas disparu. D’autant plus quand la défense a sorti son joker…

33- Une promenade digestive


 

Après le déjeuner, Nathan réussit à convaincre sa famille de le laisser faire un tour dans la campagne sans autre compagnie que la sienne. Sa mère lui a juste demandé d’expliquer son itinéraire, de ne pas en sortir et de partir avec son téléphone portable tout en déplorant que ce n’était guère raisonnable.

Cela fait dix minutes qu’il marche, cherchant un peu de paix dans la nature mordorée qui l’entoure. Certains arbres sont déjà dénudés quand d’autres ont encore toutes leurs feuilles. Machinalement, il met les mains dans les poches de son jean’s et sa main droite effleure un papier plié. Il l’attrape, le déplie et le lit :

« Ma sœur chérie,

Oui, je me rappelle chaque détail de cet instant magique, elle dans sa robe bleue flottant au vent, son chignon qui menaçait de tomber à chaque pas qu’elle faisait mais qui restait mystérieusement en place.

Je me souviens de tout, de son parfum, de son grand jour où elle a su qu’elle était éditée, et de la fête qui a suivi. Je me souviens de son baiser sur ma joue, de sa peau si douce qu’elle m’attirait irrésistiblement.

Mais, ma sœur chérie, tu ne sais pas tout. Elle n’est pas que la femme de ma vie. Elle est surtout la femme de mon patron et elle ne le quittera jamais. Je le sais, elle me l’a dit.

Elle ne me pardonnera jamais ce que j’ai fait. Elle ne sait pas encore que c’est moi, elle le saura bientôt, lors du jugement.

Elle me verra alors comme un monstre, celui que j’ai été, et cette image supplantera celle du beau et sympathique jeune homme qui se mettrait en quatre pour un sourire de sa part.

Pourquoi ai-je dénoncé mon patron ? C’était vrai mais j’ai causé sa tentative de suicide qui a fait de lui cette pauvre âme misérable.

Elle ne me pardonnera jamais.

Elle ne saura jamais combien je regrette.

Elle ne saura jamais combien je l’aime, et que cet amour unique est celui que nous cherchons tous.

Pardonne-moi, toi que j’aime si fort, et tiens ta promesse, ne lui dis jamais que je l’ai aimé de toute mon âme, de tout mon cœur.

Nathan »

Ses jambes en sont coupées… Il s’asseoit, le souffle court. Dans sa tête, il lui semble que des morceaux de sa vie s’imbriquent enfin, d’autres s’éclairent d’une lumière nouvelle. Enfin, sa mémoire lui semble à sa portée. S’il n’arrive pas à tout mettre en ordre, si les quatre années dernières ne sont pas complètes, loin s’en faut, Nathan prend conscience qu’il est en train de retrouver une partie de sa vie, une partie de lui.

A la tristesse succède un moment de joie mêlé de panique. Son cœur bat fort, son front se couvre de sueur mais l’espoir vient de naître dans ses yeux.

C’est vrai qu’il travaillait pour le mari de celle qu’il chérissait, mais qu’a-t-il bien pu découvrir pour avoir à dénoncer son patron ? Aujourd’hui, Nathan a retrouvé un peu de paix, aujourd’hui, il sait que c’est normal de ne pas avoir eu de nouvelles de Sabine.

Il lève les yeux vers le ciel, heureux de ce qui vient de lui arriver. Il a encore beaucoup de questions sans réponse, d’autres qui viennent se rajouter à celles, existentielles, qu’il se pose depuis son arrivée à la demeure familiale. Comment peut-il oublier des évènements si importants dans sa vie ? La mémoire est décidément un organe bien compliqué, qui joue des tours à tire-larigot.

L’image de Capucine en train de boire un café près du bunker sur la plage lui traverse l’esprit, sans s’y arrêter. Elle est tellement différente de Sabine, si posée, si ambitieuse aussi, et tellement belle ! Mais Sabine a choisi, elle lui a préféré Pierre SIMON, un entrepreneur aussi ambitieux qu’elle. Avec les recettes de son livre prix Goncourt, elle l’a aidé financièrement. Six mois après leur rencontre, elle l’épousait, ne laissant aucune chance à Nathan. Pour rester avec elle, il avait réussi à se faire embaucher dans la boite de Pierre. Comment avait-il fait pour supporter une telle trahison ? C’est vrai qu’il ne s’était pas vraiment passé quelque chose, un bisou, un câlin, une histoire d’un soir pour elle, l’histoire de sa vie pour lui. Il avait l’impression d’avoir grandi, mûri en quelques jours. Là, près de sa famille, après deux chocs sur la tête, il arrive à prendre un peu de recul. Rien dans la vie n’arrive par hasard, non, décidément rien de rien…

Nathan et la suite de l’histoire


Croyez-vous vraiment que Nathan ait retrouvé la mémoire ?

 

Il y a plusieurs suites possibles à notre histoire :

– il a retrouvé sa mémoire, et peut-être même sa non-envie de vivre (rappelez-vous le tout premier épisode)

– il est triste car il se sent diminué, sujet aux changements d’humeur brusque, ne comprenant pas lui-même ses réactions

– le coup sur la tête l’a tellement sonné qu’il en est encore sous le choc, il ne réalise pas, tout se mélange dans sa tête d’où son air abattu

Qu’en est-il réellement ? Comment sa famille peut-elle réagir pour l’aider ?

Qu’en pensez-vous ?

32- Un foot pas comme les autres


 

Théo court dans le jardin pour aller chercher son ballon dans l’abri de jardin. Pour être content, ça, il était content ! C’est tout juste s’il ne sautait pas au cou de son oncle toutes les deux secondes !

Ensemble, ils décident que Théo serait goal pour la première partie, puis ce serait le tour de Nathan. Ils choisissent deux arbres qui feraient le but, les mêmes que ceux que Nathan prenait quand il jouait avec son père, au même âge que son neveu d’ailleurs.

Nathan envoie des balles plutôt gentilles mais se prend vite au jeu. Une balle à gauche, et Théo plonge pour faire un arrêt digne de Fabien Barthez, et plutôt bien en plus ! Une balle à droite, une au centre… le tout de façon aléatoire… Théo est un gardien de but doué et Nathan se met à envoyer des vrais ballons de foot, presque des obus ! Tous les deux prennent un pur plaisir à jouer ; ils rient ensemble, se taquinent…

Avec un score de 22 arrêts sur 30 tirs, Théo s’en sort vraiment bien. C’est à présent le tour de Nathan.

Lui se montre plus prudent que son neveu, arrêtant les balles au pied, avec les mains mais hésitant à plonger, ce qui fait qu’il encaisse 7 buts, alors qu’il reste 10 tirs à effectuer pour Théo. Son honneur étant en jeu, Nathan joue le tout pour le tout lorsque Théo envoie le ballon complètement à droite, à la limite de l’arbre. Il plonge, les deux mains vers Théo. Le ballon ne peut pas passer, il n’y a pas but. Il tombe…

Nathan ne se relève pas. Sa tête a heurté l’arbre.

Théo s’approche prudemment, certain que son oncle lui faisait encore une de ses farces, et redoutant une partie de chatouilles. Nathan a les yeux fermés.

« Tonton ? demande-t-il, interrogatif, ça va ? »

Mais son oncle ne répond pas, n’ouvre pas les yeux non plus.

« Tonton ? » le ton se fait plus inquiet. « Tonton, réponds-moi !! »

Toujours rien.

Théo se penche sur son oncle, le pousse un peu pour le faire réagir. Nathan se retrouve sur le dos, mais n’ouvre toujours pas les yeux. Alors Théo se met à crier, appelle sa mère tout en courant vers la maison. Rose sort, mais Gabriel est plus rapide qu’elle. D’un regard, il saisit le problème. Théo se jette dans les bras de sa mère :

« J’ai tué Tonton ! » sanglote-t-il.

Sa mère regarde son mari, Gabriel, qui lui fait signe de rentrer avec Théo. Il se précipite vers Nathan qui a ouvert les yeux, émergeant peu à peu grâce aux cris de Théo. Il est encore sonné, toujours allongé. Gabriel lui parle doucement, l’interrogeant sur ce qui s’est passé. Nathan regarde d’un air tout étonné son beau-frère, il est ailleurs.

Gabriel l’aide à se relever, attentif aux mouvements de Nathan. Ce dernier a un peu de mal à se mettre droit, il s’appuie sur l’épaule de Gabriel. Ils commencent à rentrer, les pas se font hésitants puis plus sûrs.

Ils passent par la porte-fenêtre du salon, le plus court chemin pour entrer à la maison. A l’intérieur, Alice, la mère de Rose et Nathan, se précipite vers Nathan, toute affolée. Nathan s’asseoit, pardon, se laisse choir sur le canapé, et se tient la tête.

Aux questions que les uns et les autres posent, Nathan répond par un mouvement de tête mais n’ouvre pas la bouche pour parler. Cela inquiète tellement sa mère qu’elle lui demande s’il peut parler. Nathan lui fait signe que oui, mais ne répond pas verbalement. Il refuse que le médecin vienne et garde son air hébété. A la stupéfaction qui se lit sur son visage, une nouvelle tristesse fait place. Ses épaules se sont courbées, comme sous le poids d’un énorme fardeau.

Enfin, il s’éclaircit la voix, avec difficulté, et demande une aspirine pour calmer les élancements qu’il ressent dans la tempe. Rose la lui apporte avec un grand verre d’eau, ainsi qu’un tube de granules d’arnica pour éviter l’apparition d’un bleu et atténuer la belle bosse qui apparaît déjà.

Il prend la parole, sur un ton grave et sérieux :

« Ne vous inquiétez pas, ça va, j’ai juste mal à la tête parce que je me la suis cognée. Mais ça va !

Et toi, Théo, ne t’inquiète pas, je vais très bien, tu n’es pas responsable ! C’est parce que je suis trop grand que je me suis cogné la tête sur l’arbre ! Je crois qu’on peut dire que tu es le grand vainqueur de notre tournoi de foot ! »

Mais la tristesse s’est abattue sur Nathan, elle a fondu sur lui comme une chappe de plomb perceptible par tous.

31- Dimanche matin, le roi, la reine et son petit prince…


 

Le soleil se lève frileusement, la journée s’annonce vraiment fraîche. Un rayon timide vient frapper au volet mais ne réveille pas Nathan qui dort du sommeil des anges. Théo passe le nez à la porte, faisant sa petite souris puis ressort, toujours sur la pointe des pieds. Il referme la porte et se trouve nez à nez avec sa mère.

« Que fais-tu, là, Titounet ? Je t’ai déjà dit tout à l’heure qu’il fallait laisser ton oncle dormir ! Il a besoin de se reposer !! dit Rose en murmurant.

– Mais Maman… Je voulais savoir s’il était réveillé, moi ! Je voudrais bien qu’on fasse une partie de foot, et Papa ne veut pas jouer avec moi ! Ni Alexia !! Et toi, tu veux jamais !! répond-il mais sans arriver à chuchoter.

– Ce n’est pas une raison ! Allez, zou !! Tu files au rez de chaussée, et que je ne trouve plus ici !! »

Rose soupire. Son fils a vraiment l’habitude qu’on lui apporte tout sur un plateau doré ! Elle est bien la première à le faire, d’ailleurs car, que ne ferait-elle pas pour son petit dernier ?

Après sa douche, elle entortille ses cheveux dans une serviette de bains, se tartine de lait hydratant puis elle se maquille légèrement. Enfin, elle s’habille dans sa chambre : jean’s, pull en v, ses basiques du week-end.

Elle descend se faire une tasse de café et a la surprise de voir Nathan en train d’en préparer. Il a l’air de plutôt bonne humeur mais là, elle va attendre qu’il ait avalé quelque chose avant de lui parler. Ce ne serait pas très agréable qu’il prenne la mouche comme hier matin !

Nathan s’installe à la table, couteau à la main, prêt à attaquer un petit déjeuner limite pantagruélique ! Il a un petit sourire aux lèvres, oui, il a l’air d’être bien, et ça, depuis sa petite escapade de la plage. Alexia leur a dit qu’il n’était pas seul mais avec une fille, avec son drôle d’air « de quand elle veut pas dire tout en voulant dire » ! De là à penser qu’il y a anguille sous roche, Rose en est très loin. Elle trouve étonnant qu’il n’ait pas encore redemandé des nouvelles de Sabine. Elle a beau se creuser la tête, elle ne voit pas comment aborder le sujet.

Nathan la regarde et lui demande le pourquoi de son air grave de ce matin. Rose lui sourit en haussant les épaules : « Rien de bien grave, je pensais à un truc pour le boulot ! J’appellerai demain pour avoir la réponse ! »

Nathan semble se contenter de cette réponse, n’ayant pas franchement envie d’entamer une discussion. Le timide rayon de soleil a disparu, caché par les nuages bien bas et bien gris. Cela n’enlève en rien l’envie qu’a Théo de faire une partie de foot avec son oncle !

« Tonton ? Dis oui, steuplait !!

– Oui à quoi, mon petit bonhomme ? lui répond gentiment Nathan

– D’abord, je suis pas petit, et puis dis oui d’abord !! insiste Théo

– Ok ! Je me rends… Je dépose les armes… Mais je ne dirai mon oui que quand tu te seras décidé à me dire pourquoi je dois te dire oui !! taquine l’oncle, d’humeur plutôt agréable

– Pour faire un foot avec moi !!

– Tu veux courir avec moi ?

– Mais non, Tonton !! Pas courir !! Jouer au football !! »

Nathan se laisse convaincre, mais Rose intervient en demandant à son fils d’aller se brosser les dents en premier puis il pourra jouer au foot avec son oncle. Nathan regarde la mère et le fils avec émotion. Rose se dit que c’est sans doute parce que c’est tellement différent de sa relation qu’il a, lui, avec sa mère. Dire que son père est mort et qu’il ne s’en souvient pas… et que sa mère a changé, comme si elle avait pris 10 ans en seulement quatre années… La vie est tellement bizarre.

Le visage de Nathan s’assombrit d’un coup, comme lorsque les nuages sont passés devant le soleil tout à l’heure. Pourquoi a-t-il oublié des moments de sa vie ? Qu’est ce qu’il a à vouloir se cacher de son passé ? Plus elle y pense, et plus il lui parait évident que c’était probablement trop lourd à porter. Il culpabilisait tellement que, peut-être, c’est la meilleure solution pour lui en l’état actuel des choses. Seulement, il y a le procès… qui commence dans moins de six semaines maintenant ! Et dire qu’il doit témoigner !

A chaque jour suffit sa peine. Pour l’instant, il faut juste qu’il aille bien. Pour le reste, on verra plus tard, se dit Rose. Mais quand même, quel sacré bourbier !!

30- La plage, fin


 

Mon regard se pose sur la plage. Quel délicieux moment ! J’aperçois une ado qui me fait penser à Alexia, ma nièce. Elle a l’air d’avoir perdu quelque chose, ses copines sans doute ! A côté de moi, Capucine, mon ambulancière avec qui je viens de partager une petite heure, vient de terminer son « tea-time », comme elle dit. Si j’avais toute ma mémoire, je dirais que ce moment est merveilleux, comme il en arrive parfois dans la vie, si peu souvent… Je dirais même que la douceur et l’harmonie du lieu, de Capucine aussi, place ce moment en tête de ma vie, comme celui où j’ai rencontré Sabine. Je ne peux m’empêcher de soupirer, ce qui intrigue aussitôt ma … J’allais dire : compagne !! Ciel !

L’ado se rapproche de notre bunker, mais… C’est Alexia ! Elle n’a pas l’air de bonne humeur, plutôt contrariée même !!

« Tonton !! On te cherche partout !! C’est pas la panique là-bas, mais presque !!

– Oh ça va, jeune fille ! Je n’étais pas perdu, tu le vois bien, répondis-je amusé.

– Je dirai même en bonne compagnie, me dit-elle en jetant un regard appuyé sur Capucine. Bon tu viens ? Ou pas ? Maman est super inquiète !

– Le jour où ta mère ne sera pas inquiète n’est pas encore arrivé… J’arrive, tu peux le dire à tes parents.

– Ouais, ça marche !

– Alexia ? On ne dit pas ouais !! lui souris-je, toujours amusé.

– Oh, ça va, hein ? Tu peux parler, toi !! Déjà que j’ai été obligée de raccrocher avec mon ami pour te chercher !

– Ami I ou IE ? la taquiné-je. Ne répond pas… Je ne dirai rien à ta mère ! »

Alexia hausse les épaules et s’en retourne, portable en main, et commence à textoter tout en marchant. Capucine me regarde, amusée elle aussi. Je me lève, lui tend la main pour l’aider à se relever, ce qu’elle refuse. Alors je m’accroupis, la regarde dans les yeux et lui fais la bise, sur la joue. Elle porte un secret en elle, elle aussi. Cela se voit. Mais aujourd’hui, je ne veux pas de choses tristes, seulement de belles choses à garder pour les soirées d’hiver. Tiens, cela me fait penser que j’ai quelque chose d’important à faire dans quelques temps. Je plisse le front, cherchant à connecter tous les neurones possibles. Hélas, cela m’échappe encore… Peut-être que ma sœur le sait, elle !

Je me redresse, regarde l’horizon une dernière fois. Allons, il est temps de rentrer.

« A mardi ! me lance Capucine

– Mardi ? demandé-je, estomaqué.

– Oui, mardi matin, je viens vous chercher pour votre rendez-vous chez le docteur Marc Fontaine, me dit-elle sérieusement, mais avec un petit sourire quand même.

– Oh ! J’avais oublié…

– C’est bien pour ça que vous allez le voir ! C’est un spécialiste de la mémoire, il est très doué, vous savez !

– Non, je ne le sais pas, lui répondis-je amusé, mais ça tombe bien !! A mardi, alors ! »

Elle ne me répond pas mais m’adresse un petit salut de la main, accompagné d’un vrai sourire cette fois-ci. La perspective de la revoir ne me déplait pas du tout, bien au contraire. C’est assez curieux, ça ! La dernière fois que ça m’est arrivé, c’était avec Sabine ! Pourtant, j’ai des sentiments très forts pour Sabine, ça, je ne peux en douter. Capucine est vraiment sympa, je l’aime bien, cette fille ! Oui, je l’aime bien, c’est le mot !

Grand-Père ? Tu veux bien raconter encore quand t’étais anémzik ?


“Grand-Père ? Dis, tu veux bien raconter la suite ? Je ne pourrais pas m’endormir sinon… S’il te plait…

– La suite ? Mais quelle suite ?? demandé-je, surpris et amusé par sa demande.

– Mais tu sais bien !! L’histoire que tu as commencée aux dernières vacances… supplie-t-elle.

Ma petite fille me regarde d’un air tellement… “bambi”, comme dirait sa mère, que je ne peux pas résister à la taquiner davantage !

“Ah bon ? Je n’avais pas terminé mon histoire ? Mais de quoi parlait-elle ?

– Mais tu sais très bien ! C’était quand tu étais “anémzik” !

– Amnésique, Poupinette, c’est comme ça que ce mot se prononce. Donc j’étais amnésique et ? Tu vois, je dois l’être encore, car je ne sais plus où j’en étais dans l’histoire… Tu te rappelles, toi ?

– Ben oui, quand tu avais traversé sans regarder parce que ton amoureuse, elle en aimait un autre et puis t’avais été à l’hôpital et là, pouf, tu te rappelais plus, et puis après, t’étais rentré à la maison avec GranTatie, et Mémé. Et puis, t’étais allé à la plage, et là, t’avais parlé avec une fille sur la plage et que t’avais bu un café avec elle. Dis, c’était Mamounette, cette fille ?

– Tu le sauras plus tard, si c’était elle, ou pas, petite curieuse, dis-je amusé. Donc on en était au café, sans sucre tu te souviens ?”

 

Et vous ? Vous en rappelez-vous ? Le dernier épisode se trouve là : https://mariessourire.wordpress.com/2011/06/24/la-plage-3me-partie/ et vous pouvez retrouver toute l’histoire en cliquant à droite dans “Catégories” sur “Nathan, Capucine et les autres dans : Ne lui dis jamais que…”

Comme Poupinette, voulez-vous une suite ? LA suite ?

La plage 3ème partie


Elle marche d’un pas décidé, soucieuse de respecter mon rythme. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté. Par provocation ? Par envie ? Par curiosité ? Difficile à dire.

« Vous ne trouvez pas qu’on a un temps superbe pour un mois de novembre ? me demande-t-elle.

– Si, peut-être. Oui, c’est une journée agréable, finalement.

– Finalement ? Vous êtes d’humeur sombre, cet après-midi, me dit-elle d’une voix douce. La vie est devenue un verre à moitié vide ?

– C’est rien que de le dire… soupiré-je. J’ai… Euh, non, rien !

– Oh vous pouvez me parler, vous savez. Je suis muette comme une carpe, on peut tout me dire, tout ! me dit-elle en me regardant jusqu’au fond des yeux. J’imagine bien que c’est difficile pour vous. Perdre une partie de sa vie, comme ça, en quelques instants… Tout ça par… Il faut que je vous dise quelque chose, moi aussi !

– C’est grave, ce que vous voulez me dire ?

– Un peu, oui ! Hésite-t-elle.

– Alors, attendez avant de me le dire. S’il vous plait, lui dis-je tristement. Je préfère ne pas savoir. »

Elle s’arrête de marcher, se met devant moi, ouvre la bouche pour me répondre mais finalement reprend la marche, d’un pas moins décidé.

« Vous savez, lui dis-je, je vous trouve différente par rapport à hier, du moins de ce que je peux m’en souvenir. Je vous avais trouvé tête en l’air et absorbée par tout un tas de choses au lieu de vous concentrer sur la conduite. Et là, vous êtes pleine d’énergie… Et… Et ça me change ! Chuchoté-je en esquissant un petit sourire.

– C’est gentil ! Donc vous vous rappelez un peu de moi ? Je suis étonnée, je pensais que… vous ne vous souviendriez de rien, en fait ! S’exclame-t-elle.

– Ah, ça, votre coup de frein a remis mon cerveau en ordre ! Il fonctionne un peu mieux, mais j’ai toujours ce trou de quatre années. Ce qui a le don de m’agacer vraiment ! Comment peut-on perdre de si grands instants de sa vie ? Oh, je suis désolé, je ne voulais pas… Je… Désolé, vraiment… bafouillé-je.

– Vous n’avez pas à vous excuser, ça ne m’embête pas ni d’en parler, ni… Non, si ça vous fait du bien, parlons-en, après tout, comme dit l’adage, toute parole est bonne à dire ! » Me répond-elle gravement.

Nous arrivons à un bunker, que de jeunes gens ont décoré, taggé comme ils disent. C’est incroyable ! Je ne croyais pas que ces dessins de ville arriveraient un jour sur la plage… Faut-il que ces jeunes, des ados, soient désœuvrés !!

Je vais pour dépasser cette soi-disant « œuvre d’art » mais elle m’appelle. Elle s’est assise en tailleur, le dos contre le béton froid. Elle met son sac sur ses genoux, l’ouvre et en sort briquettes de jus de fruits et thermos…

« Vous venez ? Qu’est ce que vous préférez ? Jus d’orange ou café bien chaud ?

– Eh bien quand vous m’avez proposé un café avec vue sur la plage, je n’imaginais pas ça… comme ça !! »

Je me mets à rire, d’un rire de fond de gorge. Cette fille est décidément surprenante ! Avec plaisir, je m’assieds à côté d’elle, acceptant bien volontiers un café, sans sucre puisqu’elle le prenait toujours sans, comme elle me l’expliquait avec animation. Et oui, je n’étais pas prévu !

Elle ne cesse de parler de tout, de rien, s’arrêtant parfois pour siroter son jus d’orange, ou parfois encore pour avoir une réponse de ma part. J’acquiesce d’un mouvement de tête, me surprend à regarder la plage avec ses yeux à elle. Je me sens bien avec elle. Ça me rappelle les bons moments que j’ai pu voler à l’emploi du temps de Sabine.

Sabine ?

Ce temps-là, celui d’elle et moi, me paraît si loin, si inaccessible. Quand je pense à tout ce qui a failli se produire, cette bascule de leur vie avec mes quelques mots, et quels mots …

Je sens une montée d’adrénaline envahir tout mon ventre. J’en pose mon café sur le sol, tremblant comme si j’avais la maladie de Parkinson. Mes souvenirs ! Ils sont là ! Sur le bout de la langue ! Hélas, c’est le moment précis que choisit le mal de crâne pour surgir, et le tableau s’efface d’un coup… comme une page noircie de crayon que l’on gomme inéluctablement et qui redevient blanche, presque immaculée…

Je sens une main fraiche se poser doucement sur mon bras. Elle me regarde attentivement et me demande d’une voix toute douce :

« Ça va ? Vous allez bien ?

– Oui, oui, sans doute ! C’est ce mal de tête qui est revenu brutalement ! »

Elle a l’air de ne me croire qu’à moitié, alors je rajoute voulant faire un peu d’humour :

« C’est qu’un souvenir a voulu se faufiler jusqu’à ma langue, mais au dernier moment, mon cerveau a refusé l’accès. Le conflit d’intérêt était trop fort, ce qui a provoqué cette douleur brusque et vive !

– Ça arrive parfois, il reviendra, votre souvenir, j’en suis sûre, surtout si c’en était un bon ! M’encourage-t-elle.

– Peut-être, je l’espère ! Je voudrais tant avoir la clé qui ouvre la porte des souvenirs… Avoir un passé, vous savez, c’est ce qui donne force au présent et un futur possible à l’avenir… Je me sens comme une voiture à qui il manquerait une roue, je suis tout de travers… Oh, je vous ennuie sans doute ?

– Pas du tout ! Si vous m’ennuyiez comme ça fait deux fois que vous me le dites, vous croyez vraiment que je serais encore là à vous écouter à l’heure du thé ? » me répond-elle sérieusement.

28 – La plage – 2ème partie


 

Elle me tend la main que je serre à peine en fait, car je me redresse d’un mouvement de dos. Une fois debout, je ne peux m’empêcher de la regarder. je l’ai déjà vue quelque part mais où donc ?

« C’est vous ? me dit-elle toute surprise. C’est bien vous ?

– Comment ça ? Nous nous connaissons ? Ou serait-ce encore une façon d’aborder les gens ? dis-je en maugréant.

– Nathan ! Rappelez-vous, je suis votre ambulancière ! Capucine ! Je vous ai ramené hier et…

– La biche ! m’exclamé-je. Eh bien, je vais finir par croire que vous en voulez à ma vie. Vous ne regardez pas devant vous quand vous conduisez, et pas davantage quand vous marchez ! rajouté-je réellement agacé.

– Et si je vous disais que ça ne m’arrive qu’avec vous ? Vous ne vous promèneriez pas avec madame la poisse, par hasard ? Et vous ne regardiez pas davantage devant vous ! En plus, vous courriez !! Vous en avez après la vie ? Qu’est ce qu’elle vous a fait ? me dit-elle d’un ton perplexe et légèrement amusé.

– C’est que…

– Excuse accordée ! dit-elle en me coupant la parole.

– Comment ça, excuse accordée ? C’est à vous de vous excuser il me semble ! ».

Elle me toise de haut en bas, un vrai sourire accroché à ses lèvres. Son expression amusée s’accroît d’autant plus que j’éprouve un début de colère. Pour qui se prend-elle, cette fille ?

Je lui tourne le dos brusquement et prend mon élan pour revenir vers … Non ! Je ne veux pas aller voir ma famille qui m’observe de loin. Ils parlent entre eux, et l’ambiance est loin d’être sereine, tendue et inquiète même…

Je fais à nouveau volte-face, la regarde dans les yeux et m’élance sur le sable mouillé. Je me concentre à nouveau sur ma respiration. J’inspire sur un temps, je souffle sur deux temps. Rien à faire, je ne retrouve pas ce plaisir que j’avais juste avant qu’elle ne me percute. Alors, je pique un sprint. Vite.. Encore plus vite… Et voilà qu’un point de côté fait son apparition. Où est passée ma forme légendaire ? Je me penche en comprimant mon côté droit avec la main.

« Alors, mister marathon ? On abandonne déjà ? » dit une voix moqueuse dans mon dos.

La jeune femme me dépasse sans effort, tout en me regardant. Elle fait encore quelques foulées puis s’arrête et revient vers moi. Elle n’est même pas essoufflée !

« Vous êtes bien rouge. Ça fait longtemps que vous n’avez pas couru, non ? dit-elle plus gentiment.

– Qu’est ce que ça peut bien vous faire ? Je vais très bien, je vous assure ! » fanfaronné-je.

Je me redresse mais me replie aussitôt. Elle ne dit plus rien, au contraire, elle s’en va vers les vagues, tranquillement. Lui tournant le dos, je m’asseois un peu plus loin sur le sable sec.

Enfin, je vais avoir la paix !

Ce répit n’est que de courte durée car elle revient aussitôt, une expression difficile à qualifier sur son visage. Si elle avait été ma nièce, j’aurai juré qu’elle me préparait une farce à sa façon. Mais là, je sais pas trop ce qu’elle a en tête, si ce n’est qu’elle revient me voir.

Au moment où elle passe à côté de moi, elle m’asperge de gouttelettes d’océan froides comme un glaçon qui vient de fondre. Je n’en crois pas mes yeux ! Elle a osé !! Je l’attrape par les chevilles et la fait tomber. Son rire, tintant comme une cascade de perles, fait tomber ma colère et je ne peux m’empêcher de sourire. Je la regarde plus attentivement. Ses mains sont rouges et mouillées, mais surtout fines comme les mains d’une pianiste. Elle dégage une énergie toute douce, une joie de vivre qui fait chaud au cœur. Elle s’installe près de moi, remet une mèche de cheveux derrière l’oreille puis me dit sur le ton d’une confidence échappée presque malgré elle :

« J’adore cet endroit. J’y venais souvent avec mon cousin pendant les vacances, enfin quand il pouvait m’emmener. L’océan majestueux ne s’arrête jamais, pas un instant, même quand la marée est étale, il bouge, il vit… Le nombre de châteaux de sable qu’il a détruit avec une seule de ses vagues… »

Je ne réponds rien, me contentant de regarder l’horizon, ce point précis où le ciel se mélange avec la mer, que de deux ils ne font plus qu’un, en toute harmonie.

Tout comme cette jeune femme, Capucine…

Elle met ses bras autour de ses jambes, son menton sur ses genoux.

« Vous entendez sa berceuse ?

– Oui, je l’entends.

– Aujourd’hui, il est bien calme. Les vagues sont gentillettes. »

Elle se tourne vers moi, guettant une réponse. Je me contente d’opiner de la tête.

« Vous n’êtes guère bavard, je parle pour deux ! Allez venez, on va un peu plus loin… ça vous dit un café avec vue sur la plage ?

– Je vais finir par croire que vous me draguez ! lui dis-je

– Croyez ! Croyez ! dit-elle joueuse, Mais il me semblait que vous vouliez des excuses ? Quoi de mieux qu’une boisson, chaude ou pas, pour ça ? »

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