
C’est tout à fait Annabelle, cette photo … Pimpante, elle est pleine de vie, de joie de vivre surtout !
Ce n’est pas compliqué, elle a toujours le sourire aux lèvres, toujours un mot aimable pour tout le monde. C’est la tolérance faite femme !
C’est vrai que parfois ses grands yeux sont tristes. Je me demande bien ce qui lui arrive dans ces moments-là. Je n’ai pas encore osé le lui demander car c’est à peine si elle sait que je suis là. Alors, comment pourrait-elle deviner que je serai toujours là pour elle ?
Vous l’auriez vu ce matin… Elle débordait d’énergie, d’enthousiasme ! En fait, elle est pétillante, oui, c’est ça, pétillante ! C’est l’adjectif qui la caractérise le mieux.
Quel petit bout de femme ! Comment imaginer qu’elle soit ceinture noire de judo ? Quand je l’ai appris, je n’en ai pas cru mes oreilles ! Et en même temps, ça ne m’étonne pas vraiment. Il y a comme une aura de mystère autour d’elle.
Quand elle me dit bonjour, elle me claque deux grosses bises sur les joues, et c’est à peine si mes lèvres peuvent toucher ses joues à elle… Elle sent bon … Non pas une simple eau de Cologne, c’est beaucoup plus raffiné que ça : c’est à la fois fleuri, romantique et en même temps très sensuel. Je ne sens ce parfum que sur elle . Comme si je connaissais énormément de femmes.
Ah, je vous vois venir avec votre petit sourire en coin ! Mais oui, je suis tombé follement sous son charme dès la première fois que je l’ai vue. Et quand je l’aperçois, j’ai le cœur qui palpite fort, fort, et mes moins deviennent instantanément humides. Soupir. Et je suis parfois si troublé que je n’ose la regarder dans les yeux…
Lundi
Cher Journal,
Ça faisait un petit moment que je ne t’avais pas écrit, mais là, il faut absolument que je te raconte ce qui vient d’arriver !
C’est tout bonnement incroyable !
J’ai un nouveau voisin …
Non, ce n’est pas le fait d’avoir un nouveau voisin qui est incroyable, mais c’est le voisin !! Il habite l’appartement en face du mien, celui qui a un jardinet qui jouxte le mien.
Oh la la, comme il est beau ! Il a de belles mains, une voix grave qui lui va si bien, et de jolies manières.
Je crois qu’il est un peu timide, car il ne me regarde pas dans les yeux quand on se croise.
Et tu sais la meilleure des meilleures nouvelles ? Non, bien sûr, suis-je bête, tu n’es qu’un journal intime. Ce matin, il a épinglé dans le hall d’entrée une invitation pour tout l’immeuble à un pot d’amitié samedi soir.
J’aime bien, j’écris tout l’immeuble comme s’il y avait 20 étages alors qu’il n’y a que quatre logements. Sourire.
Il me tarde samedi soir !!
Vous vous demandez sans doute comment je connais Annabelle ? La première fois que je l’ai vue, je portais un carton de livres. En fait, j’emménageais dans mon nouvel appartement. Elle sortait de chez elle et riait, l’oreille collée à son portable. Elle m’a regardé…
Oh ce regard… Un océan venu tout droit du ciel pour se planter dans mon cœur… Quel émoi ! Je n’avais jamais ressenti une telle émotion de toute ma vie. Ça m’en a coupé les jambes et j’en ai perdu l’équilibre. Bien entendu, le carton est tombé à la renverse mais heureusement, il ne s’est pas ouvert. Elle s’est précipitée pour m’aider et, tout en attrapant le carton, elle s’est présentée :
« Moi, c’est Annabelle, et vous ?
– Henri. Je m’appelle Henri et je suis votre nouveau voisin. »
Alors, non seulement elle doit me prendre pour un maladroit, mais en plus, pour un maladroit idiot.
« Je suis votre nouveau voisin » ! Comme si elle était une demeurée et qu’elle ne pouvait pas comprendre que j’emménageais, entre les cartons devant ma porte d’entrée et le camion qui bouche à moitié le passage !
Le pire ? C’est que je n’ai rien pu dire d’autre ; ma tête était vide, ma langue morte.
Elle m’a souri et souhaité la bienvenue, puis s’en est allée. Et je ne l’ai même pas remercié. Quel mufle je fais !
Et depuis ce moment-là, je pense à elle, à son rire chaleureux. A chaque instant, mes pensées se tournent vers la belle Annabelle.
Soupir.
Tout le week-end, je me suis demandé ce que je pourrais bien faire pour la revoir. Et au milieu de la nuit de dimanche à lundi, j’ai eu une idée de génie, sans vouloir me vanter bien sûr.
La crémaillère ! Voilà le prétexte qu’il me fallait.
Pour que ce soit crédible, j’ai invité tout l’immeuble à venir boire le pot de l’amitié samedi soir.
Tant pis s’il restait des cartons non déballés, après tout, ce n’était pas bien grave.
Le lundi matin, j’épinglais sur le tableau à l’entrée ma petite affiche. Puis je suis sorti pour aller dans ma voiture. Alors que je cherchais mes clés, je glissais un œil vers le hall et vis avec plaisir Annabelle en train de lire mon invitation. Elle est sortie peu après, rayonnante dans sa petite robe fleurie.
Pourvu qu’elle vienne !
Mardi
Ce matin, je l’ai croisé, toujours aussi élégant, toujours aussi beau, toujours aussi timide. Alors je me suis approchée de lui.
« Salut, ça va Henri ? Vous vous plaisez ici ? C’est calme, c’est ce que j’apprécie aussi. »
Et en même temps, je lui ai fait deux grosses bises bien sonores. Ben oui, si j’attends que ce soit lui, je crois bien que je vais attendre longtemps.
Tu sais, mon cher journal, je ne sais pas s’il m’a vraiment remarqué. J’ai un peu l’impression de lui être indifférente.
Peut-être que je m’emballe pour rien ?
Oh et puis zut, je suis comme ça, je ne fais jamais les choses à moitié, tu le sais bien toi !
De toute façon, on verra bien samedi.
Quand même, j’adore sa petite moustache, ça lui va tellement bien !
Annabelle…. Quel doux prénom… qui lui va à ravir. Comment imaginer qu’en déménageant aussi loin, je ferai une rencontre aussi charmante ?
Annabelle … qui rime avec ribambelle …d’enfants qui lui ressembleraient.
Oh la la, je m’égare ! Qu’est ce que je vais imaginer là ?
Riez, amis lecteurs, riez ! Vous la verriez comme je la vois, et vous feriez pareil, tous autant que vous êtes !
Non, finalement, c’est bien que vous ne la voyiez pas. J’aurais peut-être une chance de la séduire.
Annabelle, ma belle voisine, comme j’aimerais que vous puissiez lire les tendres pensées que votre présence m’inspire…
Demain, c’est le grand jour. Normalement, je n’ai rien oublié. Il me tarde vraiment ! Je lui ai préparé une lettre puisque je n’arrive pas à lui parler sans dire des bêtises plus grosses que moi.
Tenez, par exemple, mercredi soir, quand je suis rentré, je l’ai vue dans le hall d’entrée chargée d’un grand sac de sport. Ses longs cheveux étaient attachés, révélant la finesse des traits de son visage. Elle n’était pas seule, une de ses amies était là. Elles parlaient avec animation d’une prochaine compétition.
« Vous faites des compétitions de judo ? Eh bien ça alors ! Je n’aurai jamais imaginé ». Et voilà ce que je lui ai dit, vous rendez-vous compte ?
Mais non, qu’allez-vous imaginer là ? Je n’ai pas tendu l’oreille !! Elle est venue me dire bonjour sans cesser de parler avec son amie, Coralie si je me souviens bien.
Elles attendaient leur chauffeur, un autre judoka m’ont-elles dit. Ils pratiquent le co-voiturage car « c’est bon pour la planète ! » ont-elles rajouté en pouffant de rire. Et c’est comme ça que j’ai appris qu’Annabelle faisait du judo. Comment fait elle pour rester aussi féminine ? Vous m’auriez demandé la veille encore que je vous aurai répondu qu’en matière de sport de combat, je ne peux imaginer une jeune femme en faire sans perdre ce qui la rend si femme. Là, je dois me rendre à l’évidence, c’est possible. Comment ? Ah oui, Laure Manaudou … C’est différent pour elle. Certes, c’est une athlète de haut niveau, oups c’était une grande sportive féminine mais en natation, ce qui n’est pas un sport de combat n’est ce pas ?
Son chauffeur est arrivé. Comment s’appelle-t-il déjà ? Xavier, oui, je crois que c’est ça. L’espace d’un instant, mon cœur s’est arrêté de battre. Le temps s’est soudainement étiré à n’en plus finir. Il s’est approché d’Annabelle. Elle lui a fait un grand sourire et lui a tendu sa joue.
Oh quel sourire …. Celui-là m’a transpercé le cœur.
Puis il s’est tourné vers Coralie : « Bonsoir ma chérie, comment s’est passé ta journée ? » tout en l’embrassant avec tendresse, le bras sur ses épaules.
J’ai cru défaillir de soulagement. J’ai eu le cœur dans tous ses états. Et vous savez quoi ?
C’est qu’il est sympa ce Xavier !
Jeudi
Mon cher journal,
Je me demande si finalement mon cher voisin ne m’aurait pas remarqué ? Je dis ça, ce n’est qu’une impression. Oh j’espère que je ne me trompe pas !
Mercredi soir, j’attendais Xav avec Coco dans le hall d’entrée. Enfin, nous le guettions. Et comme d’habitude il était un peu en retard. En fait, à l’heure où nous devions partir, à la place de Xavier, j’ai vu entrer Henri. Quelle bonne surprise ! Je ne l’avais pas vu depuis mardi matin, je lui ai présenté Coralie et nous avons commencé à bavarder à propos du judo. Il était visiblement tout étonné d’apprendre que j’en faisais, et en compét en plus ! (sourire tendresse)
Et puis Xavier est arrivé. Il m’a bien semblé qu’Henri était très tendu d’un coup, surtout quand Xav m’a fait la bise mais je n’en suis pas très sûre. Et je crois bien l’avoir vu souffler de soulagement quand Xav a parlé avec sa chérie. Tu crois comme moi que ? Oh je n’ose même pas l’écrire tant ce serait si beau…
Et puis je n’oublie pas que c’est un timide. Déjà, il a à peine dit deux mots à Coco qui a pourtant le contact facile. Il s’est un peu lâché quand Xav est arrivé, lui expliquant qu’il avait déménagé pour son travail.
Tu veux savoir ce qu’il fait ? Tu ne serais pas aussi curieux que moi ? En fait, il est éditeur ! Oui, tu as bien lu ! Rires
Dire qu’on n’est que jeudi… Le temps s’allonge et ne veut pas me faire arriver à samedi soir !!
Ce soir est le grand soir. Tout est prêt depuis 15h00. Par contre, impossible de me décider sur la tenue à porter. J’ai fini par appeler Delphine, ma sœur préférée. Et oui, ce n’est pas parce que je n’ai qu’une seule sœur qu’elle ne peut pas être ma préférée !!
Elle m’a conseillé une tenue à la fois habillée et décontractée. Autant vous dire que ça m’a beaucoup aidé ! Mais pourquoi suis-je parti si loin de ma famille ? Delphine serait venue et m’aurait montré exactement ce qu’elle entendait par « habillée et décontractée » soupir
Oh ça sonne ! Pourvu que tout se passe bien !

« Que fais tu Henri chéri ? Cela fait un bon moment que tu pianotes sur ton ordinateur, tout en relisant mon petit journal secret, enfin pas si secret que ça d’ailleurs !!
– Rien mon Annabelle, je ne fais rien d’extraordinaire ! Je me remémorais les jours précédant notre rencontre, tu t’en souviens ?
– Oh que oui, je m’en souviens, comme si c’était hier ! Quand je suis soi-disant tombée tout à fait maladroitement sur toi dans la cuisine ? C’est bien de cela dont tu me parles ? Et de ce premier baiser toujours dans cette même cuisine ? Mmmm je me souviens encore du goût de tes toasts !! Ceux que tu n’avais pas réussi à brûler d’ailleurs !
– Oui, je suis en train de mettre toute notre histoire par écrit, comme ça, quand notre petite fille sera en âge de pouvoir lire, elle saura d’où elle vient et la magnifique histoire d’amour que nous avons vécu ensemble.
– Tu veux dire notre petit-fils ?
– Oh ne me chipote pas sur les mots, tu sais bien que notre fille qui est la plus belle de toutes, m’a promis une petite fille !
– A moi, elle a dit un garçon !
– Tu crois que ?
– Oh tu penses à la même chose que moi ? des jumeaux ? Ouaouh !! Quelle nouvelle aventure nous allons vivre !!