Vous étiez au bord d’une rivière, vêtu tout en blanc, avec une seule rose rouge dans la main. J’ai ressenti des vibrations inhabituelles autour de vous…
Quelque chose comme de la magie émanait de vous, quelque chose de doux et de puissant à la fois. Cette rose, vous la teniez à l’envers, comme si vous vous apprêtiez à la jeter dans l’eau bouillonnante.
Il me semblait voir perler une larme au coin de votre œil, un diamant d’une pureté incomparable. Ma respiration s’est peu à peu ralentie, je m’aperçus que le temps se ralentissait au fur et à mesure que je vous observais. Mon cœur battait un peu plus fort, un peu plus vite à chaque inspiration.
Vous fîtes un pas, mais non, vous restiez sur place, les yeux perdus dans la joyeuseté de l’eau vive. Contre toute attente, vous avez levé les yeux au ciel, l’implorant comme une madone le ferait. Puis d’un geste brusque, vous reculâtes.
Étrange tout cela… Vous sembliez une biche aux abois, prête à fuir au moindre bruit, au moindre mouvement. Tout mon corps se statufia sur l’instant. Je ne voulais pas être aperçue.
A nouveau, vous avanciez d’un pas le long de la berge cette fois. De nouveau, je ressentis ces mystérieuses vibrations. Il me semblait vous voir psalmodier tout en agitant avec douceur la fleur de l’amour.
A qui parliez-vous ainsi, avec votre cœur, certain d’être absolument seul, avec cette volonté de solitude aussi ?
Que faisiez-vous là ? A cette heure-là de la journée ? Bientôt le soleil se coucherait, bientôt il serait l’heure des moustiques qui me dévoreraient avec grand appétit. Bientôt il me faudrait rentrer.
Oserais-je vous aborder ? Oserais-je seulement vous signifier ma présence ? Mon cœur parlerait à votre cœur, dans un étrange ballet comme eux seuls savent le faire.
Que dis-je ? Mon cœur ? Votre cœur ?
Non…
Mon âme et votre âme sont liées à jamais. Vous le saviez avant.
Vous le saviez…