La petite blouse verte

De nouveau, on frappe à la porte. C’est ma petite blouse verte de tout à l’heure, Julie, je crois.

« Monsieur DUPIN ?

– Oui, Mademoiselle Julie ?

– Non, moi c’est Sophie ! Alors, j’ai regardé dans votre dossier. Effectivement, vous devriez sortir ce matin, mais après la visite du Chef de Service, Marc FONTAINE, qui passera vers 9h30. Si pour lui, tout est ok, alors vous pourrez aller au bureau des admissions signer tous les documents de sortie. A priori, votre sœur ne peut venir vous chercher, donc vous partirez avec une ambulance chez vous, à Boutteville, où votre sœur vous attendra. Vous avez bien compris ?

– Oui, je crois ! Donc j’attends le docteur là ?

– Voilà ! C’est bien ça. Allez, installez-vous confortablement. Puisque je suis là, je vais prendre votre tension et votre température. Mettez le thermomètre sous le bras. Vous aussi, Monsieur PAUNY.

Voyons… 13/8 de tension… mm c’est bien… et la température ? Le thermomètre a sonné Monsieur DUPIN, cela signifie que c’est fini.

– Ah bon ? Mais… Il faut attendre au moins trois minutes pour que…

– Plus maintenant, Monsieur DUPIN ! Trente petites secondes suffisent ! Voyons ? 36°8… mmm c’est bien ! Vous avez toujours mal à la tête ?

– Oui, un peu mal du côté de la tempe droite. Ça bat le tempo d’une forge par moment !

– C’est normal, parce que vous êtes tombé de toute votre hauteur sur ce côté-là de la tête. Vous avez même une sacrée bosse ! Bon, je vais voir pour vous donner un peu de doliprane. En attendant, reposez-vous un peu. »

Sophie ferme le rideau qui nous sépare Olivier et moi, mais j’ai l’impression qu’il ne sert à rien puisque j’entends tout. Et je suis encore cloué dans ce lit qui sent la javel. Et je déteste la javel ! Ah non, c’est par-terre que c’est mouillé. Le temps de chercher une infirmière, ils ont nettoyé la chambre et refait mon lit. J’aimerai bien allumer la télé, mais mon voisin a la télécommande, et puis ça ne se fait pas de mettre la télé en route pendant les soins. Enfin, je crois.

Par réflexe, je mets la main dans mes poches, comme quand j’étais gamin. Je n’ai aucune envie de rester ici. Si seulement je pouvais m’échapper comme par magie ! Et puis Sabine me manque vraiment. Je me demande ce qu’elle est devenue et surtout pourquoi elle ne m’a pas fait signe de vie. J’ai encore des papiers dans les poches ! Et bien là au moins, je n’ai pas changé ! Ce doit être ma liste de course…

Je regarde le plafond. Il y a une tâche juste au-dessus de la télé. Il a dû y avoir une infiltration ici il y a un moment. La tâche ressemble à un petit mouton qui ne se serait jamais lavé, et dont la laine serait devenue jaune et rance. Enfin, petite blouse verte tire le rideau et ouvre les volets. Le soleil inonde de tout son soul la pièce. Il réchauffe la pièce qui en avait bien besoin.

Olivier a une petite mine, ce matin. Je ne sais pas s’il sort aujourd’hui, mais si c’est le cas, il va être fatigué ! Je regarde ma montre mais ma montre n’est plus à mon poignet. Décidément, je ne me retrouve pas dans mes habitudes. J’ai l’impression d’être moi dans la peau d’un autre. Et ça fait vraiment peur !

Je regarde dans ma veste : elle n’y est pas non plus.

Sophie surprend mon regard et me dit :

« Il est à peine 8 heures et demi ! Il va falloir prendre votre mal en patience ! Vous avez un peu de lecture, vous voulez que je vous l’attrape ?

– Mais non ! Je n’ai rien !

– Et voilà ! C’était dans votre table de chevet et c’est votre sœur qui vous l’a apporté hier !

– Ah bon ? Et bien ça…

– Ce n’est pas grave, Monsieur DUPIN ! N’oubliez pas : reposez-vous car si vous sortez, vous aurez besoin de toutes vos forces, d’accord ? »

Sophie quitte la pièce avec un sourire d’encouragement, mais je plonge dans une sorte de déprime toute de lassitude et d’incompréhension. Comment ce magazine a atterri dans la table de chevet ? Qu’y a-t-il d’autre d’ailleurs dans cette table de chevet ? Ah ! Une montre ! Du papier plié en quatre. Le mal de tête se ravive, je n’ai guère le goût de la lecture. Je ferme les yeux… Sabine, toi que j’aime tant, où es-tu ?

6 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. 2011 Fr@l
    Jan 30, 2011 @ 17:58:38

    coucou !
    je suis venue,
    j’ai lu,
    je continue
    Bonne soirée

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  2. claudielapicarde
    Jan 30, 2011 @ 18:24:05

    Si c’est moi qui doit prende la décision, il ne sort pas, il n’a pas repris tous ses esprits, il y a plus de trous dans sa tête que dans un morceau d’emmenthal.
    bisous

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  3. colettedc
    Jan 30, 2011 @ 20:59:17

    … lu avec intérêt Marie-Sourire ! …
    Merci à toi pour cette suite …
    Sincèrement,
    C☼lette

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  4. mitchî
    Jan 31, 2011 @ 14:27:13

    Cela me rappel des situations vécues en clinique, le rideau, l’odeur, les bruits de couloir, les attentes interminables…
    A bientôt pour la suite

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  5. marieange
    Jan 31, 2011 @ 21:49:12

    très bonne description, on s’y croirait
    Demain, je suis en visite à l’hosto , je vais vivre cette ambiance aussi …

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  6. giselefayet
    Jan 31, 2011 @ 22:23:02

    Le contact avec le monde extérieur va – t – il être un facteur traumatisant ou au contraire rassurant . J’ai hate de savoir .
    Bisous

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